Ma rencontre avec le Yiquan et Wei Yuzhu
Autant commencer par le commencement. Comment ai-je connu le Yiquan, et comment suis-je entré en contact avec ce maître exceptionnel qu’est Wei Yuzhu ?
Depuis toujours j’ai pratiqué les arts martiaux et sports de combat. Depuis que je marche puisque mon père m’a de suite enseigné la savate/boxe française, avant que je pratique le judo et autres arts orientaux.
Dans les années 90, alors que je pratiquais assidument plusieurs arts et sports de combat au KO, j’étais à la recherche d’une pratique chinoise de qualité, un Gong fu. Dans les magazines de l’époque je tombais sur un encart un peu kitch révélant l’existence du Yiquan, et proposant une cassette VHS (oui, je ne suis plus un jeune premier) sur cet art alors inconnu qu’un français d’origine grecque (Ilias Calimintzos) avait découvert à Beijing. Le visionnage de cette cassette a provoqué en moi un choc : à un moment en effet on voyait les fils de Yao Zongxun, le successeur du fondateur du Yiquan, Wang Xiang Zhai, Yao Chengguang et Yao Chengrong pratiquer dans un parc.
Quel choc! Je n’avait jamais rien vu de tel et leur façon de bouger était incroyable. Les postures, les sorties de force me laissaient sans voix, ainsi que la puissance qu’ils dégageaient visiblement sans effort.
Ma vie avait changé, c’était cela que je voulais, que je devais faire!
Je me suis mis alors à me renseigner à et aller voir les quelques enseignants de Yiquan qu’il y avait en région parisienne. Je choisissais de pratiquer avec Jean-Luc Lesueur, qui était disciple et successeur de Li Jianyu, maître de Yiquan de la 2ème génération, et qui était également disciple de Kenichi Sawai, fondateur du Taikiken, la branche japonaise du Yiquan. J’allais pratiquer et apprendre avec lui de nombreuses années avec enthousiasme (et beaucoup de combats). Je découvrais aussi le Shuai Jiao ou lutte chinoise, art très lié à Beijing au Yiquan (j’en parlerai ultérieurement) et d’une efficacité redoutable. Jean-Luc Lesueur, judoka confirmé, avait été présenté par Li Jianyu à Wang Wenyong, un grand maître du Shuai Jiao de Beijing qui l’avait pris comme disciple et en fera son successeur.
Lors d’un stage en 2005, mon oncle Vuong Tek Meng (Wang Daming en mandarin) me transmettait deux CD (remarquez le bond dans le temps, de la cassette VHS au CD !), l’un d’une heure de vidéo de Yao Zongxun, l’autre de la commémoration des 120 ans de Wang Xiang Zhai le fondateur du Yiquan.
Ce fut le 2ème choc que je reçu! Voir de manière extensive et non plus quelques minutes Yao Zongxun exprimer son Yiquan me fascinait et me remémorait que c’était cette pratique que je cherchais. Malgré les nombreuses vidéos des maîtres de Yiquan chinois que je trouvais sur internet, tous d’un très haut niveau pourtant, je n’éprouvais pas la même sensation que lorsque je voyais évoluer Yao Zongxun.
Et lors du visionnage des 120 ans…je tombe sur 20 minutes d’un maître dont j’ignore le nom à l’époque, mais dont la manière de bouger et de boxer est extrêmement proche de celle de Yao Zongxun (et pour cause)!
(ps: en allant sur paramètres dans YouTube vous pouvez choisir les sous-titres en français pour cette vidéo)
Sa manière élastique, relâchée et pourtant puissante de boxer provoque en moi une vraie émotion spirituelle!
J’avais devant moi le maître idéal, celui que je rêvais d’avoir.
Je n’étais pas le seul a avoir été marqué par sa prestation et beaucoup cherchaient qui était ce maître et comment le rencontrer. J’apprenais par l’oncle Meng qu’il s’appelait Wei Yuzhu, disciple très proche de Yao Zongxun, qu’il habitait à Beijing mais que bien qu’il le connaisse il était difficile de le rencontrer.
Je me retrouvais donc déprimé, et durant quelques années je ne pouvais que regarder ces 20 mn, m’en inspirer et…espérer.
Entre temps cette vidéo se retrouvait sur YouTube, et dans le petit monde du Yiquan français nombreux étaient ceux qui essayaient de rencontrer ce maître exceptionnel de Yiquan de la lignée « pure » de Yao Zongxun.
Puis finalement mon professeur Jean-Luc Lesueur parvenait, par l’intermédiaire d’un de ses disciples chinois, Liu Yiping, à entrer en contact avec lui. Enthousiasmé par le contact qu’il avait eu avec Wei Yuzhu en Chine, Jean Luc Lesueur souhaitait rester en relation avec et pratiquer avec lui. Il sorti de leur conversation que je pourrai devenir disciple de Wei Yuzhu ! Jean-Luc Lesueur avait dit du bien de moi à son frère de Yiquan, Wei Yuzhu.
Curieux, ce dernier pour en avoir le cœur net décida un soir (une nuit vue le décalage avec Beijing) de m’appeler sur Wechat. Et donc un soir d’octobre mon téléphone s’anime de la sonnerie Wechat et annonce un appel vidéo…et je vois s’afficher sur mon écran le visage de Wei Yuzhu !!!
Ma vie a basculée. Le « coup de foudre » fut immédiat. Nous avons parlé toute la nuit, et toutes les suivantes pendant des mois jusqu’à ma venue chez lui en Chine pour y devenir son disciple. Il m’a choisi pour devenir son disciple, et a commencé ainsi à m’enseigner tous les soirs par visio Wechat.
Se dessinait dés ce moment ce qu’allait devenir ma vie et ma relation avec lui: aller en Chine, faire le baishi, apprendre à la chinoise en vivant chez lui, une pratique intense et quotidienne et surtout un Yiquan qui devient un mode de vie et trouve à s’appliquer dans chaque circonstance quotidienne. Mon nom chinois qui m’est donné (j’y reviendrai), un approfondissement de mes maigres compétences en chinois pour pouvoir communiquer librement..
Grâce à Jean-Luc Lesueur (que je ne remercierai jamais assez) j’avais enfin rencontré Wei Yuzhu, qui acceptait de devenir mon shifu, et je m’envolais pour la Chine!